Aujourd'hui la plupart des exégètes et des théologiens reconnaissent volontiers que Luther avait raison de revenir à Paul et de s'appuyer sur lui pour donner toute son importance à la justification par la foi. C'est malgré et à travers ces vicissitudes que l'Eglise, Corps du Christ, se construit. Avec lucidité chacun de ses membres est appelé à retrouver la vigueur de saint Paul, sans se laisser troubler par toutes les méfiances qui encore maintenant entourent les épîtres pauliniennes. Viscérales, plus ou moins inconscientes, ces réticences se manifestent de multiples façons. Suffit-il de citer Paul, sans tenir compte de sa doctrine fondamentale sur la foi ? Suffit-il de l'utiliser, en affirmant que sa doctrine est difficile à comprendre, ce qui coupe court à toute discussion ? Convient-il de prétendre que ses lettres sont remplies de contradictions, ce qui permet d'en tirer ce qu'on veut ? Convient-il d'utiliser quelques justes concessions faites par Paul concernant la Loi pour faire dire à l'ensemble du texte le contraire de ce qu'il dit ?
Saint Paul hors les murs ! Il vaudrait mieux qu'il soit ouvertement combattu. Il pourrait se défendre avec vigueur, lui et les siens. Mais que peut-il faire contre ces attitudes faussement bienveillantes, qui en réalité étouffent et déforment sa doctrine ?
A nous il pourrait répéter ce qu'il écrivait aux Galates : "mes petits enfants, vous que j'enfante à nouveau dans la douleur jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous, que ne suis-je près de vous en ce moment pour trouver le ton qui convient, car je ne sais comment m'y prendre avec vous" (Ga 4,19-20).
Paris, 26 mai 2000
Paul Lamarche s.j.
paul.lamarche@free.fr