La construction de la phrase est telle que la filiation divine surplombe la naissance davidique. On notera que la seconde section comporte quelques développements (avec puissance ; de sainteté) qui donnent plus de volume et d'ampleur à la mission universelle du Seigneur.

La différence entre "selon la chair" et "selon l'Esprit Saint" ne correspond pas exactement à l'opposition habituelle entre "chair" et "esprit", car ici cette naissance selon la chair n'a rien de négatif. Cependant sous un certain aspect il s'agit bien d'une opposition, opposition entre une mission limitée à cause des limites de la chair, et une mission universelle à cause la puissance de l'Esprit.

Ce passage d'une messianité selon la chair à une messianité selon l'Esprit éclaire l'universalisme du salut qui sera amplement développé dans cette épître. L'argumentation de l'hymne s'appuie sur la résurrection du Christ, sans évoquer l'importance de sa mort. Nous pouvons voir dans ce fait un indice d'antiquité concernant la théologie de ce texte. C'est seulement plus tard qu'on soulignera, spécialement avec l'hymne aux Philippiens, le sens et la valeur de la Croix.

 

Transversale 1 : les hymnes christologiques du Nouveau Testament.

Après Rm 1,3-4, l'hymne aux Philippiens présente un approfondissement certain. Voici comment se présente cet hymne :

 

6. Lui, semblable à Dieu,

il ne voulut pas ravir de force

l'égalité avec Dieu.

7. Mais il s'anéantit,
devenu semblable à un esclave,
s'étant rendu identique aux hommes ;
manifesté et perçu comme un homme ;

8. Il s'abaissa, s'étant fait obéissant,

jusqu'à la mort, mais la mort sur une croix.