La cohérence de Paul apparaît quand il essaie de manifester et de démontrer l'unité et la continuité du plan salvifique de Dieu. C'est ce qui ressort des chapitres 9 à 11, consacrés en même temps à l'unité du dessein de Dieu et au destin d'Israël.
Parfois on estime que les réactions de Paul contre les Juifs sont trop fortes et que ses positions doctrinales, en s'émancipant de la Loi, dévalorisent le judaïsme. Examinons ces deux points. A travers toutes les épîtres de Paul, sa manière de parler des Juifs évolue selon les persécutions rencontrées. Il n'y a pas à atténuer les paroles désagréables rencontrées par exemple en 1 Th 2,15-16. Elles s'expliquent si l'on tient compte des persécutions explicitement mentionnées et du tempérament de Paul : "...eux qui ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes, ils nous ont aussi persécutés, ils ne plaisent pas à Dieu et sont ennemis de tous les hommes, ils nous empêchent de prêcher aux païens pour les sauver, et mettent ainsi, en tout temps, le comble à leur péché. Mais la colère est tombée sur eux, à la fin". Paul est manifestement excédé par les attaques qu'il subit. De même dans l'épître aux Philippiens il a des paroles très dures pour les judaïsants qu'il traite de chiens (3,2). Peut-être s'agit-il d'un rendu pour un prêté ; le terme, en effet souvent utilisé pour désigner les païens, a pu tout naturellement s'appliquer aux pagano-chrétiens et à l'apôtre des Gentils. Dans Galates il est également virulent contre les Juifs, comme par exemple en 5,12. Cependant on se tromperait lourdement sur la portée de ces reproches si l'on ne tenait pas compte du fait que Paul a bien conscience d'être lui-même Juif et qu'il déborde d'estime et d'affection pour ses frères, comme il l'exprime en Rm 9,1-5.