Parmi les évangiles, celui qui est le plus sévère pour les pharisiens, c'est Matthieu lui qui est typiquement judéo-chrétien. Quand on est proche de quelqu'un on est d'autant plus exigeant et sévère envers lui.
Quant à sa position doctrinale, il serait particulèrement maladroit de l'atténuer pour la concilier avec le judaïsme. Ce serait la meilleure manière pour mettre l'Église en position de concurrence avec la Synagogue. Il est de beaucoup préférable que chacun avec respect admette l'autre dans sa différence et sa spécificité.
De plus, ici en Rm 9 - 11, à travers le souci du destin d'Israël, ce qui est visé c'est sans doute l'unité et la continuité du dessein salvifique de Dieu. Cela apparaît dans certaines phrases rhétoriques de Romains, par exemple en 9,6 : "Non que la parole de Dieu ait été mise en échec" ; en 9,14 : "Qu'est-ce à dire ? Y aurait-il de l'injustice en Dieu ?" ; et la finale de ces chapitres a bien pour perspectives le dessein salvifique : "Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde. O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu !" (Rm 11,32-33). Ce n'est pas par hasard qu'apparaît en 11,25 le mot "mystère", qui annonce et prépare le développement de Rm 16,25-27 (si cette finale appartient à la première édition de cette épître). Dans les lettres qui précèdent Romains on trouve, non pas des développements directement destinés à mettre en lumière l'unité et la continuité du dessein de Dieu, mais des allusions explicites à ce plan salvifique, comme par exemple en 1 Corinthiens 2,7 : "Nous enseignons la sagesse de Dieu, mystérieuse (en mustèriô) et demeurée cachée, que Dieu, avant les siècles, avait d'avance destinée à notre gloire". Cette préoccupation concernant l'unité et la continuité du dessein de Dieu est aussi présente en Galates, par exemple en Ga 3,15-19, qui parle de la véritable descendance d'Abraham, et en Ga 4,21-31 qui présente les deux fils d'Abraham (à comparer avec Rm 9,7 : "pour être la descendance d'Abraham, tous ne sont pas ses enfants... ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu") ; enfin en Ga 4,1-7 Paul essaie de justifier le passé (la Loi comme surveillant ou pédagogue) tout en exaltant la libération apportée par le Christ.