Cependant l'attribution du titre theos au Christ, si l'on tient compte du développement de la christologie dans le milieu paulinien, paraît plutôt prématurée.
C'est pourquoi il est intéressant d'examiner où, quand, comment fut attribué au Christ le titre theos.
Alors que le mot "Dieu" (theos) est très souvent employé par le Nouveau Testament pour désigner le Père, il est appliqué à Jésus, de façon sûre, seulement en quatre passages : He 1,8-12 ; Jn 1,1 ; 10,33 ; 20,28 ; auxquels on peut ajouter cinq autres textes dont la lecture ou l'interprétation sont discutées : Rm 9,5 ; Tt 2,13 ; Jn 1,18 ; 1 Jn 5,20 ; 2 P 1,1. Manifestement dans le N.T. le mot Theos fut d'abord réservé au Père ; c'est seulement dans des écrits plutôt tardifs qu'on en est venu à appliquer parfois ce titre à Jésus.
Ce fait pose quelques problèmes : aurait-on mis un certain temps pour reconnaître et affirmer la divinité de Jésus ? En réalité dès les premiers écrits on donne à Jésus le nom divin de "Seigneur" (Kurios) et on lui reconnaît une puissance salvatrice parallèle à celle du Père. Alors pourquoi cette hésitation concernant le mot Theos ?
Celui-ci serait-il comme le nom personnel du Père ? Mais dans ce cas comment en serait-on venu à donner ce titre à Jésus ? C'est pourtant dans cette direction que s'orientent parfois les recherches théologiques. Ainsi Karl Rahner écrivait : "[...] nous pensons que dans le Nouveau Testament ho theos n'est pas seulement employé de manière fréquente pour désigner la première personne de la Trinité, mais qu'il la signifie véritablement 37" .
