b) Première orientation dans les épîtres pauliniennes : le Père Theos et Jésus Kurios.

Ces titres se retrouvent fréquemment dans les adresses des épîtres, l'un appliqué au Père, l'autre au Christ. Or ces titres, qui dépendent souvent d'une seule préposition ou qui sont le sujet d'un même verbe, paraissent assez proches l'un de l'autre : ils pourraient bien être un écho des deux puissances propres à la divinité selon la théologie alexandrine de Philon.

Dans cette première étape, Theos semble désigner le Créateur, spécialement en tant qu'il est l'origine. C'est en ce sens qu'il convient de lire 1 Co 8,6 : "Il n'y a pour nous qu'un seul Dieu, le Père de qui tout (vient)

et vers qui nous (allons),

et un seul Seigneur, Jésus Christ, par qui tout (vient)

et par qui nous (allons vers le Père)."

Ici le titre Theos signifie le Créateur en tant qu'il est l'origine (et la fin) de tous les êtres. Or qui est l'origine, sinon le Père. Theos semble bien caractériser le Père et lui appartenir en propre. Jésus Christ a bien un titre divin, celui de Kurios, mais à ce moment de l'évolution théologique du N.T., il n'est pas encore considéré comme créateur à proprement parler, mais seulement comme médiateur dans la création. Il faudra encore un temps de réflexion pour se demander ce que peut signifier une telle médiation ; peut-elle exister ? Dans la création (et la recréation) on est tout ou rien. Si Jésus Christ est Sauveur, est-ce seulement comme médiateur, ou bien est-il réellement Sauveur ? Et peut-il être Sauveur de la nature humaine sans être son Créateur ? Pour le moment à l'époque de 1 Co le pouvoir créateur paraît être le propre de Celui qui est l'origine, c'est-à-dire du Père.