Malgré les évolutions que nous allons constater dans la théologie du milieu paulinien, ce point de vue ne va pas entièrement disparaître. En effet, nous retrouvons un écho de cette position en Ep 4,4-5 : "Il y a un seul Corps et un seul Esprit ... ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous , qui est au-dessus de tous, à travers tous et en tous". Peut-être avons-nous ici un fragment d'hymne qui exprime une théologie ancienne. On peut en dire autant pour l'hymne de 1 Tm 2,5 : "Il n'y a qu'un seul Dieu, qu'un seul médiateur aussi entre Dieu et les hommes ...".

 

c) Rm 9,5. Malgré une certaine hésitation il paraît préférable de rapporter au Christ le titre Theos et de comprendre ainsi la phrase : "eux enfin de qui, selon la chair, est issu le Christ qui est au dessus de tout Dieu béni éternellement. Amen." Cependant l'application au Christ du titre Theos paraît survenir trop tôt dans le développement théologique du milieu paulinien. On est plutôt tenté ici de rapprocher ce verset de la description christologique de Rm 1,3-4, où le "fils issu selon la chair de la lignée de David est établi selon l'Esprit Saint Fils de Dieu avec puissance par sa Résurrection d'entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur." On attendrait donc en 9,5 soit "Fils de Dieu", soit "Seigneur" kurios. Après tout, cette dernière conjecture n'est pas impossible si l'on considère qu'il y a eu de temps à autre chez les copistes des confusions entre theos et kurios écrits en abrégé : ths - ks.

 

d) Cependant la réflexion christologique insistait de plus en plus sur le pouvoir créateur du Christ : nul ne peut recréer le monde s'il ne l'a créé. Par ailleurs, pour l'acte créateur il est impossible de concevoir un simple médiateur, à qui Dieu le Père aurait confié ses pouvoirs ; nécessairement ce "médiateur" participe au pouvoir créateur, il est lui-même créateur. C'est bien dans ce sens que la christologie va se développer, comme en témoigne spécialement l'hymne de l'épître aux Colossiens.