a) Dans le Prologue de Jean, alors que les versets 3-4 décrivent le devenir du monde, c'est-à-dire sa création et son histoire qui culmine dans les événements vécus par le Christ, les deux premiers versets concernent le Logos comme dessein créateur de Dieu : en cela le Logos est Dieu, c'est-à-dire créateur. Ainsi le Logos du Prologue réunit en lui-même les deux puissances : la puissance divine créatrice et la puissance qui régit l'univers dans son devenir vers le salut. Si cette interprétation est exacte nous serions particulièrement proche de Philon.

A la fin du Prologue, le dernier verset (1,18) sans doute parallèle aux premiers, pourrait tout naturellement (du moins si la lecture Theos est critiquement exacte) souligner les deux puissances que le Logos-Fils réunit en lui-même : la puissance divine créatrice (Theos) et la puissance salvatrice (il révèle le Père) ; seul Dieu peut révéler Dieu, et seul le créateur peut recréer l'homme.

b) Ces remarques s'appliquent à la confession de Jn 20,28 : "Mon Seigneur et mon Dieu", où se retrouvent les deux puissances, royale et divine, réunies dans le Logos.

 

4) Enfin ces deux puissances, mais avec les titres de Dieu et de Sauveur comme en Tite, apparaissent en 2 P 1,1 : "Par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ". Encore qu'ici comme en Tt 2,13 on puisse lire autrement cette phrase : "par la justice de notre Dieu et du Sauveur Jésus Christ".

 

Ainsi la clef provenant de Philon, à savoir les deux puissances créatrice et royale, réunies par le Logos, avec spécialement la nuance créatrice attachée au mot Theos, paraît convenir à l'ensemble des textes néotestamentaires qui appliquent ce titre à Jésus Christ. Sans doute le sens du mot Theos dans le N.T. ne peut-il être restreint à cette seule nuance ; mais la doctrine de Philon, même si elle n'est pas suffisante pour tout éclairer, est néanmoins nécessaire pour donner un éclairage latéral indispensable.