Rm 9 - 11

Pour la compréhension de ces trois chapitres on lira avec profit les études de J.-N. Aletti, Comment Dieu est-il juste ?, Paris, 1991 ; "Comment Paul voit la justice de Dieu en Rm", Bib 73 (1992) 359-375 ; Israël et la Loi dans la lettre aux Romains, Lectio Divina 173, Paris, 1998, p. 167-294.

Nous voudrions seulement souligner deux ou trois points :

- Nous nous sommes demandé si la pointe de ces chapitres concernait le destin d'Israël ou bien l'unité et la continuité du dessein de Dieu ? On peut hésiter, cependant plusieurs indices (interrogations de 9,6 ; 9,14 ; conclusion de 11,32-33 ; la portée du mot "mystère" qui apparaît en 11,25) permettent de préférer la seconde hypothèse. Cette théologie du dessein de Dieu se trouve déjà préfigurée dans plusieurs passages des épîtres antérieures, elle se développera amplement en Col et Ep.

Tout en interprétant ces chapitres 9 - 11 en fonction du dessein de Dieu, on constate que le souci du destin d'Israël apparaît dans ces chapitres avec une insistance particulière, mais toujours en relation avec le dessein universel.

- Dans ces chapitres il n'y a aucune phrase, aucun raisonnement qui pourrait favoriser l'idée qu'Israël conserverait la Loi comme moyen de salut. Cela irait à l'encontre de toute la théologie de Paul, qui insiste toujours sur l'impossibilité d'atteindre Dieu par ses propres forces, et sur la nécessité d'un don gratuit pour être sauvé.

Tous les textes de ces chapitre 9 - 10 avant l'annonce en 11 du salut d'Israël soulignent sans cesse le salut donné gratuitement : "seuls les enfants de la promesse entrent en ligne de compte" (9,8) ; "dessein qui procède par libre choix et ne dépend pas des œuvres, mais de Celui qui appelle" (9,11-12) ; "Cela ne dépend donc pas de la volonté, ni des efforts de l'homme, mais de la miséricorde de Dieu" (9,16) ; "des païens qui ne recherchaient pas la justice l'ont reçue - j'entends la justice qui vient de la foi - , tandis qu'Israël, qui recherchait une loi pouvant procurer la justice, est passé à côté de la loi. Pourquoi ? Parce que cette justice, ils ne l'attendaient pas de la foi, mais pensaient l'obtenir des œuvres" (9,30-32) ; "en méconnaissant la justice qui vient de Dieu et en cherchant à établir la leur propre, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. Car la fin de la loi, c'est Christ, pour que soit donnée la justice à tout homme qui croit" (10,3-4) ; "Croire dans son cœur conduit à la justice et confesser de sa bouche conduit au salut" (10,10).