Dans le chapitre 11 quand Paul affirme qu'Israël sera sauvé, il ne cesse d'insister sur le don gratuit du salut, sur la miséricorde de Dieu : "Si c'est par grâce, ce n'est donc pas en raison des œuvres, autrement la grâce n'est plus grâce" (11,6) ; "de même eux aussi ont désobéi maintenant, par suite de la miséricorde exercée envers vous, afin qu'ils soient maintenant eux aussi objet de la miséricorde" (11,31) ; "Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde" (11,32).

En 11,28-29 Dieu est bien décrit comme fidèle à la première élection : il sera fidèle en sauvant Israël, non par la Loi, mais par miséricorde : il n'est pas question ici d'un salut que les Juifs obtiendraient en pratiquant la Loi.

En Ga 3,12 Paul écrit : "Le régime de la loi ne procède pas de la foi ; pour elle, 'celui qui accomplira les prescriptions de cette loi en vivra' " ho de nomos ouk estin ek pisteôs, all' ho poièsas auta zèsetai en autois (Lv 18,5). Cette citation du lévitique reprise en Rm 10,5, est particulièrement éclairante pour préciser la pensée de Paul par rapport à la loi.

Paul critique ici non pas une suffisance consciente et psychologique, mais une suffisance théologique. La Vie divine ne peut provenir de l'accomplissement de la Loi. C'est gratuitement par la grâce de Dieu que l'homme pécheur est sauvé à travers la foi. Ce point de vue est clairement exprimé en Rm 4,4-5 : "A celui qui accomplit les œuvres, le salaire n'est pas compté comme une grâce, mais comme un dû. Par contre, à celui qui n'accomplit pas d'œuvres mais croit en celui qui justifie l'impie, sa foi est comptée comme justice."