Rm 16,25-27 : Doxologie.
A cause des hésitations de la critique textuelle, il est légitime de se demander si cette doxologie a appartenu tout de suite à l'épître aux Romains ou bien si elle a été ajoutée quand la lettre fut adressée à Éphèse ou même plus tard. On peut dire du moins qu'elle est typique du milieu paulinien, et qu'elle exprime parfaitement sa théologie.
Loin de faire de la communauté chrétienne un courant du judaïsme, ou bien une nouvelle religion, sœur cadette d'Israël, ou encore un mouvement en concurrence avec Israël et se substituant à lui, la doxologie décrit le dessein éternel de Dieu où le Christ et son Évangile existent dès le début. Selon cette perspective il convient de donner toute son importance au mouvement historique à travers lequel la révélation s'est développée. Tout dans cette phrase porte l'empreinte de ce mouvement : "affermir", "maintenant manifesté", "écrits prophétiques". Ainsi se trouve affirmée, spécialement par rapport à la Loi, la priorité du Christ, de son Évangile, de la communauté chrétienne ; le "mystère" annoncé prophétiquement par l'Ancien Testament ouvre la voie à l'Évangile proclamée par l'Église ; l'aspect prophétique de l'Ancien Testament est bien souligné, son aspect législatif est passé sous silence ; entrer dans ce mouvement de la révélation, c'est accepter qu'il comporte des phases nécessaires, qui sont aujourd'hui à dépasser : un adulte garde toujours quelque chose de sa jeunesse, mais il doit nécessairement évoluer.
Cette doxologie, centrée sur le "mystère", est à rapprocher des développements similaires qu'on rencontre dans l'épître aux Éphésiens 40.