Derrière la discussion entre Paul et Pierre à Antioche telle qu'elle est rapportée et sans doute développée en Ga 2,12-17, il s'agit de savoir si le Juif disciple du Christ et le païen converti doivent suivre les préceptes alimentaires de la Loi mosaïque et même sans doute les décrets alimentaires de l'assemblée de Jérusalem 5. A travers cette question surgit le problème de la table commune entre pagano-chrétiens et judéo-chrétiens, c'est-à-dire finalement la possibilité ou non pour eux, tous ensemble, de constituer une communauté eucharistique.
Pour mieux comprendre les positions des uns et des autres rappelons l'existence des divers courants qui existaient sans doute à cette époque :
1) les judaïsants : non seulement ils obligeaient les Juifs devenus chrétiens à observer la Loi, mais ils voulaient que les païens convertis se soumettent également à toute la Loi (voir Ac 15,1.5; 11,2; Ga 2,4-5)
2) Ceux qu'on peut théologiquement appeler les judéo-chrétiens, tels qu'ils apparaissent dans la communauté de Jérusalem. Pour eux, les Juifs convertis devaient continuer à observer la Loi ; quant aux païens convertis ils devaient obéir seulement aux décrets de l'Assemblée de Jérusalem (voir Ac 21,20-25).
3) Les pauliniens, pour qui ni les Juifs, ni les païens, devenus chrétiens, n'avaient à observer la Loi, pas même les décrets de Jérusalem.
4) Évidemment il existait d'autres courants, intermédiaires ou plus difficiles à classer, comme celui des communautés johanniques.