Parfois on accorde peu d'intérêt à ces questions, sous prétexte qu'elles apparaissent comme complètement dépassées. Ce serait faire fausse route. En effet à l'époque de l'Église primitive elles étaient très importantes, elles orientaient l'existence des communautés primitives et reflétaient leur théologie. Encore aujourd'hui, pour peu qu'on souligne certains de leurs aspects, elles sont à la base de divergences étonnantes, en effet il ne faut pas oublier que le Décalogue fait partie de la Loi mosaïque.

Paul refuse qu'on puisse imposer aux pagano-chrétiens l'observation de la Loi mosaïque. Si l'on pense d'abord et avant tout aux prescriptions rituelles et aux préceptes alimentaires, on serait facilement d'accord avec cette position paulinienne. Mais si on constate que le Décalogue fait partie de la Loi mosaïque, que nulle part Paul, lorsqu'il repousse la Loi, ne met à part les dix commandements, qu'il ne s'appuie jamais sur eux pour donner à ses correspondants des conseils ou des exhortations, il faut bien conclure que Paul ne fait pas le détail : c'est toute la Loi qu'il repousse, y compris le sabbat, le décalogue, les décrets de l'Assemblée de Jérusalem.

Face à ces constatations on peut commencer à se poser des questions. Faut-il suivre ces exégètes et ces théologiens qui acceptent que les chrétiens soient libérés de la Loi mosaïque, tout en affirmant qu'ils doivent observer le Décalogue, quitte à modifier ou à comprendre de manière allégorique le commandement sur l'interdiction des images et la prescription du sabbat, sans parler du dernier commandement qui met sur le même rang femme, servante, bœuf, âne (Ex 20,7) ?

Le fait que de telles questions puissent encore aujourd'hui être en débat montre à quel point notre théologie habituelle est imperméable à la problématique paulinienne. Progressivement nous allons entrer dans les vues de Paul. Pour le moment, selon Ph 3, nous avons constaté que pour lui se convertir constituait une rupture avec la Loi.

Cette rupture, elle est pour lui clairement inscrite dans la croix du Christ. L'importance qu'il accorde à la théologie de la croix apparaît déjà en Philippiens 2.