Dans Galates, cette distinction est constamment à l'œuvre, elle apparaît nettement en 4,21 : "vous qui voulez être soumis à la Loi, n'entendez-vous pas ce que dit la Loi ?" Concernant l'aspect normatif, l'Ancien Testament a joué un rôle de pédagogue, ou de surveillant, comme Paul l'affirme en Ga 3,24 ; ce rôle est terminé ; y revenir serait rendre vaine et inutile la croix du Christ, comme il est dit en Ga 5,11, reprenant ce qu'on trouve en Ga 2,17-18; 5,2 et même déjà en Ph 3,18. Quant à la valeur prophétique des textes de l'Ancien Testament, Paul ne cesse d'en tenir compte. Pour dégager ce sens prophétique, il part du Christ, comme critère d'interprétation, de telle sorte que ce critère peut à juste titre être appelé un canon dans le canon.
Pour éclairer ce point on peut se reporter à 2 Co 3, où apparaît la distinction entre la nouvelle alliance ou, en jouant sur le double sens du mot, le Testament Nouveau (kainè diathèkè en 2 Co 3,6; voir He 9,15-16) et l'Ancienne Alliance (palaia diathèkè : 3,14). A ce propos Paul précise : " Jusqu'à ce jour, lorsqu'on lit l'Ancienne Alliance, ce même voile demeure. Il n'est pas levé, car c'est en Christ qu'il disparaît ". C'est dire que le Christ est la clef des Écritures, spécialement pour distinguer et comprendre leur portée normative et leur valeur prophétique.
Pour systématiser sa position théologique, Paul dans Romains va partir de l'entrée dans le processus du salut, où la gratuité du don de justification apparaît clairement. L'entrée des païens est à cette époque acceptée par tous, mais on n'a pas encore réfléchi aux présupposés et aux conséquences théologiques que cette démarche intuitive contient. C'est en partant de cette gratuité de la justification (justification au sens d'entrée dans le processus salvifique), que Paul, reprenant les grandes perspectives de l'épître aux Galates, aborde dans les chapitres 5 à 8 de Romains le problème concernant cette période entre la justification et le salut eschatologique : durant cette période terrestre de la vie chrétienne, le croyant, qu'il soit d'origine païenne ou d'origine juive, doit-il pratiquer la Loi ?