Dans aucune de ses lettres, pas plus dans Romains que dans les autres, Paul ne fait de distinction entre petits préceptes et commandements du décalogue ; il ne s'agit pas de trier dans la Loi 6, mais c'est la Loi en tant que telle qui est en question, la Loi comme moyen de salut, alors que pour Paul le Christ est le seul moyen de salut, puisque par la croix il révèle l'amour kénotique du Père et qu'il offre gratuitement à tout croyant la justification et le salut 7.
On a justement affirmé que le résumé le plus précis et le plus équilibré de l'épître aux Romains se trouve dans l'épître aux Éphésiens (peut-être écrite par un disciple très proche de Paul). En 2,8-10 on lit : "C'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi ; vous n'y êtes pour rien, c'est le don de Dieu. Cela ne vient pas des œuvres, afin que nul n'en tire orgueil. Car c'est lui qui nous a faits ; nous avons été créés en Jésus Christ pour les œuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance afin que nous nous y engagions". On constate qu'ici à la lumière de la gratuité du salut offert à tout homme qui croit, la critique des œuvres de la Loi mosaïque s'est étendue à toutes les œuvres, c'est-à-dire à toutes les lois ; cependant les œuvres ne sont pas rejetées ; elles sont situées à leur juste place et conçues non comme un moyen de salut, mais comme une conséquence du salut accordé gratuitement.
Le texte qui prépare au mieux l'épître aux Romains, c'est évidemment Galates. On peut considérer cette épître comme une ébauche de Romains, un premier jet passionné et volcanique. Cependant il ne faut pas ignorer deux ou trois problèmes.