D'autre part le salut apporté n'est pas seulement une parole de promesse ou un rite tel que des hommes pourraient le réaliser, il s'agit d'une transformation réelle de la nature humaine, telle que seul le créateur puisse la réaliser en se servant des hommes comme d'un instrument 10 .
La bénédiction d'Ep 1,3-14
Ces douze versets ne forment qu'une seule phrase où les répétitions abondent à travers le flux et le reflux de la pensée. Des appréciations diverses, pour ne pas dire opposées, ont été portées sur ce texte. Eduard Norden (dans Agnostos Theos, 2ème éd., 1923, p. 253, n.1) la décrivait ainsi : "das monströseste Satzkonglomerat (...), das mir in griechischer Sprache begegnet ist ..." (le plus monstrueux conglomérat phraséologique (...), que j'ai rencontré dans la langue grecque ...). A l'inverse Charles Masson (L'Épître de saint Paul aux Éphésiens, col. Commentaire du N.T., Neuchâtel, Delachaux et N., p. 149) disait : "... on est frappé de la plénitude de son verbe, de sa majesté liturgique, de son rythme perceptible du commencement à la fin." Pour Alfred Loisy cette bénédiction "consiste en une interminable phrase, somptueux galimatias, où Dieu est loué d'avoir prédestiné les croyants au salut" (Les livres du N.T., Paris, 1922, p. 161).
De multiples essais ont été tentés pour rendre compte de l'organisation de cette phrase : strophes, reprises circulaires, plan trinitaire, succession de 6 bienfaits, etc. Le but de cette recherche n'est d'ailleurs pas d'enserrer dans un cadre clairement défini et reconnu les libres redondances lyriques de cette phrase difficile à dompter, mais plutôt de discerner le mouvement, et donc la pointe, de cette bénédiction.