2. En essayant de tenir ensemble tous ces problèmes pour leur donner une solution qui puisse tous les satisfaire, on constate que chaque branche de la construction concentrique possède une orientation propre : les idées et le vocabulaire des versets 1-9 concernent les Nations ; les idées et le vocabulaire des versets 14-18 concernent les Juifs. Entre ces deux branches les versets 10-13 développent un parallélisme antithétique : refus des uns et des autres (10-11) opposé à une acceptation exprimée en termes juifs et grecs entremêlés (12-13).
3. Après avoir situé les grandes masses du Prologue et discerner leur orientation, on peut préciser le mouvement des idées à l'intérieur de chaque branche (1-9 et 14-18). La première branche présente plusieurs difficultés et incertitudes, commençons par la seconde : on part de l'incarnation, mention de Jean Baptiste, plénitude du salut accordé aux hommes, et ensuite à travers Moïse on remonte à l'origine, c'est-à-dire au Fils dans le sein du Père. Cette organisation peut aider à reconstituer le mouvement intérieur à la première branche et à lever les incertitudes des versets 3-5 et 9. Ici on part de l'origine, c'est-à-dire du Logos tourné vers le Père (tout cela sera d'ailleurs à préciser plus tard) ; ce qui suit (3) sans exclure la création concerne plutôt l'histoire du monde ; le verset 4 avec son parfait et la notion johannique de Vie décrit les événements salvifiques réalisés par le Christ, apportant aux hommes lumière et vie. La mention de Jean Baptiste nous ramène chronologiquement en arrière, et prépare dans le verset 9 la description du Logos venant dans le monde, c'est-à-dire l'incarnation (parallèle à 14).
4. On aura noté la prise de position concernant les premiers versets qui concernent non seulement la création, mais l'histoire du monde.
5. Il convient de préciser le sens du mot Logos. Son emploi dans les écrits johanniques (ici ; 1 Jn 1,1 ; Ap 19,13) ne renvoie pas à la deuxième personne d'une Trinité abstraite, mais au Christ, c'est-à-dire à cette deuxième personne assumant création et incarnation. Le mot Logos évoque d'abord la Parole : parole créatrice et parole évangélique. Cependant avant d'être une parole exprimée, celle-ci est une parole intérieure, réfléchie, tournée vers celui qui pense et forme son projet. C'est pourquoi au début (de la création et de l'histoire du monde) la deuxième personne de la Trinité assumant création et incarnation est comme une pensée (logos), un projet, un plan, tourné vers celui qui prévoit l'univers des hommes.