Cette pensée va alors devenir une parole proférée (création, puis la Loi), et enfin une parole incarnée par qui va retentir une parole évangélique. Voilà tout ce qu'il convient de comprendre dans ce thème du Logos, en conformité d'ailleurs avec les profondes intuitions des premiers Pères de l'Église. On notera aussi qu'en suivant cette perspective, les Pères, avant les discussions de Nicée, comprenaient ces expressions (logos et fils) comme des titres christologiques : le Logos peut alors, comme le Christ être considéré comme une "créature" (puisqu'il est relatif à la création), et qu'on peut parler du "moment" où il n'existait pas ; mais au-delà de ce "moment" de la création, au-delà de ces titres de Logos et de Fils, nous pouvons affirmer contre Arius qu'indépendamment de la création la deuxième personne divine est co-éternelle au Père.
6. L'existence des deux branches parallèles (nations et peuple juif) invite à quelques réflexions. Le Logos s'est bien révélé à travers Israël, cela ne doit pas faire oublier que le plan salvifique universel est antérieur à l'élection d'Israël ; il remonte "avant" même la création ; le Logos a exercé son action dans la création et dans toute l'histoire des hommes. Cette perspective est capitale pour bien percevoir la Révélation divine, pour essayer de comprendre la Bible nécessairement en relation avec le développement de l'Esprit dans le monde et pour adhérer dans la foi à la communauté qui suit le Christ.
7. Ainsi compris le Prologue se trouve proche d'autres textes. Avec ses particularités indiscutables, il évoque en même temps la problématique de Col 1,15-20 et Ep 1,3-14. Cependant en reprenant l'idée du dessein bienveillant de Dieu, appelé aussi Mystère, le Prologue fait un pas de plus : il personnalise ce Mystère assumé par le Christ préexistant et identifié à lui ; c'est pourquoi il lui donne le nom de Logos. Ce mot provient sans doute de l'influence conjointe des traditions juives et des formulations grecques d'Alexandrie recueillies par Philon11 .