Rm 2,14-16.
Parfois on s'appuie sur Rm 2,14-16 pour mettre Paul en contradiction avec lui-même. Ici, en effet, Paul paraît admettre la valeur des œuvres qui serviraient de base au jugement eschatologique : "Quand des païens, sans avoir de loi, font naturellement ce qu'ordonne la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, eux qui n'ont pas de loi. Ils montrent que l'œuvre voulue par la loi est inscrite dans leur cœur ; leur conscience en témoigne également ainsi que leurs jugements intérieurs qui tour à tour les accusent et les défendent. C'est ce qui paraîtra au jour où Dieu jugera le comportement caché des hommes, selon mon Évangile, par Jésus Christ." en hèmera hote krinei ho theos ta krupta tôn avthrôpôn kata to euaggelion mou dia Khristou Ièsou.
Alors qu'habituellement Paul refuse de considérer les œuvres de la loi comme moyen de salut, il accepte ici pour les païens que ces œuvres soient prises en considération par Dieu lors du jugement. A première vue on pourrait croire même qu'il confirme cette affirmation en faisant intervenir l'Evangile et Jésus Christ !
En réalité cette double mention constitue seulement une pierre d'attente pour les développements qui commenceront en 3,21 : ce n'est pas la Loi qui jugera l'homme, mais le Christ. Cependant chaque section comporte sa perspective propre. A partir de 1,18 tout est centré sur la révélation de la colère de Dieu. A partir de 3,21 le registre change comme l'indiquent le nuni et l'apparition stable et définitive de la justice de Dieu. De 1,18 à 3,20 le discours se situe dans la perspective juive, et c'est à partir de cette perspective que Paul montre la possibilité pour le païen d'accomplir des œuvres bonnes qui soient prises en considération par Dieu lors du jugement. Autrement dit, toute l'argumentation est faite pour convaincre un judaïsant.