Cependant en s'exprimant ainsi selon le registre juif, Paul ne va pas à l'encontre de sa pensée. En réalité pour Paul les actions de l'homme ne sont pas sans fruit par rapport à Dieu : cependant d'aucune façon elles ne peuvent donner accès à Dieu ; mais si Dieu gratuitement aime et justifie l'homme, les actions de ce dernier ne sont pas négligeables. C'est ce qui est exprimé en Ga 6,5-9, ainsi qu'en Ep 2,9-10. Mais évidemment cela ne rejoint d'aucune manière l'affirmation de Jc 2,24, qui est en opposition avec la doctrine de Paul, comme nous le verrons plus tard. On ne peut mettre sur le même plan la foi et les œuvres : Dieu seul sauve gratuitement. Mais en conséquence de ce salut gratuit les œuvres ont leur place subordonnée et leur importance relative.
Un autre point dans ces chapitres pourrait faire difficulté (voir par exemple E.P. Sanders, Paul, the Law...) : en 3,1-20, Paul, d'une manière qui pourrait paraître un peu rapide et discutable, généralise le péché du Juif : "Juifs et Grecs sont tous sous le péché" (3,9) ; "Tous ont péché" (3,23). Paul s'appuie longuement sur la Bible pour étayer une affirmation que le judaïsant ne devrait donc pas contester. De plus et surtout il est légitime de distinguer ici plusieurs aspects : d'une part les actes peccamineux qui effectivement éloignent de Dieu un certain nombre de Juifs, d'autre part l'impossibilité naturelle de tout homme d'avoir accès à Dieu et de participer à sa sainteté. Il est légitime de mettre ces deux aspects sous l'étiquette "péché", même si aujourd'hui nous préférons les distinguer. Pécher, c'est rater le but. Le péché est conçu par Paul comme une Puissance qui domine tous les hommes. Dans les chapitres 7 et 8 Paul oppose la "chair" et l' "esprit" : sous le premier terme il entend toute la faiblesse de l'homme incapable d'atteindre Dieu et d'observer la loi. De même sous le terme de péché, Paul entend non seulement les péchés personnels, mais la situation de l'homme dominé par le Péché et incapable de participer à la sainteté de Dieu.