Rm 3,21
Nuni de khôris nomou dikaiosunè theou pephanerôtai.
Un changement de registre est annoncé, changement qui correspond à la nouveauté apportée par le Christ. Cette rupture dans le texte manifeste assez clairement que dans la section précédente (1,18 - 3,20) l'argumentation se situait à un autre niveau, celui de la Loi.
Pour éclairer les discussions il convient de dire quelques mots concernant les diverses significations du mot Loi à travers toutes ces épîtres. Certains auteurs discernent 6 ou 7 emplois différents de ce mot ; il paraît plus opérationnel, et plus exact au point de vue philologique, de centrer la signification du mot sur le Pentateuque, conçu comme venant de Dieu et ayant une portée normative et prophétique. Cependant selon le contexte les nuances, les insistances, l'extension varient un peu. Le mot peut désigner l'ensemble de l'Ancienne Alliance comme en 1 Co 14,21 et en Rm 3,19 dans une perspective qui souligne son aspect prophétique. Parfois dans la même phrase on passe de la nuance normative à l'aspect prophétique comme en Ga 4,21 : "Vous qui voulez être soumis à la Loi, n'entendez-vous pas ce que dit cette Loi ?". De la Loi conçue comme quelque chose de normatif, on passe au régime de la Loi, soulignant la relation ainsi établie entre le Juif et la justification, ou même entre le Juif et Dieu. Cependant le mot peut par analogie désigner aussi l'aspect normatif de toute conscience, comme en Rm 2,14, mais le glissement voulu est parfaitement clair : "Quand des païens, sans avoir de Loi, font naturellement ce qu'ordonne la Loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, eux qui n'ont pas de loi". Dans un sens un peu différent il peut désigner tout principe dynamique qui spécifie telle manière d'agir (voir l'expression "loi du péché" en 7,23). Faut-il donner ce sens aux formules "loi de l'Esprit" (8,2), "loi du Christ" (Ga 6,2), ou bien s'agit-il ici d'une manière de parler qui entend remplacer la Loi par l'Esprit et le Christ ? En effet il n'est pas pensable de partir de ces expressions pour imaginer une loi propre au Christ et à l'Esprit, loi qui remplacerait celle de l'Ancien Testament, ce serait maintenir un régime de loi justement critiqué et repoussé par Paul.