La première chose c'est de voir le problème ; ensuite il convient de bien comprendre les diverses théologies proposées par les auteurs bibliques. Ne faut-il pas imiter Paul qui, affronté à des problèmes complexes, eut à choisir et à exhorter les chrétiens à choisir : "Voici ma prière : que votre amour abonde, et de plus en plus, en clairvoyance et pleine intelligence, pour discerner ce qui convient le mieux" (Ph 1,9-10).

C'est ce travail critique de confrontation entre les données diverses et parfois divergentes de l'Écriture qu'on peut appeler théologie biblique. Imaginons un peu ce que serait une théologie biblique qui se contenterait d'enregistrer et de rassembler sur Dieu plusieurs points de vue : justice, compassion, menaces de châtiments, ordre d'exterminer les ennemis etc. En réalité concernant cet exemple typique il convient de tenir compte de deux paramètres : développement de la doctrine sur Dieu et confrontation entre plusieurs théologies qui se succèdent ou qui sont contemporaines. Ici va-t-on choisir en tenant compte de nos sentiments de répulsion contre la violence ? Cet élément peut intervenir, car il s'agit sans doute d'une valeur qui vient de Dieu. Mais un critère plus simple nous est donné : le Christ, c'est lui qui doit aider l'exégète à voir parmi les traditions anciennes celles qui sont parvenues à maturité et à tout hiérarchiser. Quand avec un peu de recul on se souvient de toutes les hésitations qui se multipliaient au lendemain de Vatican II pour savoir si la prière chrétienne pouvait omettre ou non certains versets de psaume agressifs, on reste perplexe et rêveur !

Le critère pour avancer dans ce travail critique sera donc avant tout la manière dont telle doctrine est investie par la nouveauté du Christ. Sans négliger pour autant ce qu'une réflexion propre au développement de l'homme et de ses connaissances peut apporter comme valeur, savoir et discernement 13 .