A Vendôme, dans un vitrail de l'église de la Trinité (reproduction dans É. Mâle, L'art religieux..., p. 108, et dans le Corpus des vitraux de France, Les vitraux du Centre et des pays de la Loire, CNRS, 1981, baie 25 de cette église), non seulement les quatre évangélistes sont témoins du Christ versant son sang dans une fontaine de vie, Pierre et Paul sont également présents comme écrivains, puisqu'ils déploient des banderoles avec un texte provenant de leurs épîtres. Cette insistance sur le sang se retrouve dans beaucoup de représentations du Christ de saint Grégoire, où l'on rencontre souvent aussi un appel explicite à la conversion adressé aux pécheurs. Ainsi dans un tableau datant de 1430 ou 1440 et attribué à l'école de Provence 14 est représenté un Christ presque identique au nôtre : Christ de pitié, couronné d'épines, montrant ses plaies, il est adossé à une croix ; cependant il est ressuscité (yeux ouverts, grand manteau royal soutenu et déployé par deux anges). Ceux-ci portent l'un une épée, l'autre un lis, symbolisant la justice et la miséricorde, selon les inscriptions présentes. En dessous, dans la partie centrale du tableau, Marie-Madeleine et Jérôme représentent les grands pénitents. Au milieu du tableau une banderole souligne le sens à donner à cette composition : "... videte si est dolor sicut dolor meus" (Lm 1,12).
En comparaison avec ces tableaux et d'autres peintures de la même époque, le Christ de notre retable présente certaines particularités : au lieu de presser la plaie du côté pour en faire jaillir le sang (sang de la rédemption et sang eucharistique), il désigne par un geste de monstration ses plaies et son côté meurtri. Ce geste discret remplace le sang qui ruisselle ; le regard abaissé ne cherche pas à accrocher le spectateur ; sans banderole appelant à la compassion, sans pénitents ni appel explicite à la conversion, le tableau concentre l'attention sur le Christ humblement victorieux.