Deuxième partie
Rm 5 à 8
Après avoir établi (Rm 1,18 à 4,25) que, pour être justifié, c'est-à-dire pour entrer dans la voie du salut, tout homme, qu'il soit Juif ou païen, a besoin, non de la Loi, mais du don gratuit de Dieu par la foi en Jésus Christ, l'épître à partir de 5,1 répond au problème qui fait suite au précédent : pour passer de la justification présente au salut eschatologique, la Loi ne serait-elle pas nécessaire, ou bien la foi suffit-elle ? A première vue il est possible de suivre le déroulement des idées dans les chapitres 5 et 6. Mais ensuite tout s'embrouille, à tel point que les commentateurs, après avoir perçu l'importance du baptême en 6,1-14, sont tentés de voir dans le personnage du chapitre 7 un chrétien prisonnier de la loi du péché. En réalité, comme cela se produit souvent dans les exposés sémitiques la progression de la pensée n'est ni discursive, ni chronologique, elle est littéraire selon un plan circulaire. L'ensemble constitue une figure concentrique abcc'b'a' ; cependant les parallèles ne sont pas de simples répétitions : d'une branche à l'autre il y a nuances et progrès.
La démonstration est menée sur plusieurs plans, que nous appellerons pour faire bref eschatologique, anthropologique, moral. On cherche à résoudre le problème suivant : pour mener maintenant la vie chrétienne et espérer être sauvé au moment du passage dans l'eschatologie, la Loi est-elle nécessaire ou bien la foi suffit-elle, et cela pour tout chrétien, qu'il soit d'origine juive ou païenne ?
a) Pour passer de la justification présente au salut final, la Loi n'est pas nécessaire. Alors que nous étions ennemis de Dieu, celui-ci nous a aimés gratuitement : il nous a fait passer de l'état de pécheurs à l'état d'hommes justifiés ; à plus forte raison nous fera-t-il passer gratuitement de cet état de justification à celui d'hommes définitivement sauvés : 5,1-11.