Sans doute reconnaît-il que la Loi est sainte, donnée et voulue par Dieu, mais elle constitue seulement une étape pédagogique dans la Révélation. Le régime de la Loi est basé sur le principe de Lv 18,5 cité en Ga 3,12 et en Rm 10,5 : "Celui qui accomplira les prescriptions de cette loi en vivra".
Cela correspond bien à ce qui sera développé par Karl Barth lorsque, à la suite de Paul, il établira une distinction entre les religions, où l'homme cherche Dieu, et la foi chrétienne, où Dieu cherche l'homme. Sans doute existe-t-il plusieurs manières de comprendre cette opposition entre religions et foi : par exemple on peut ranger les religions du côté de l'institution, de la visibilité, du collectif, des rites, et la foi du côté de l'individualisme, de l'intériorité. Ces oppositions ne paraissent ni exactes, ni opérationnelles. Tandis que l'opposition soulignée par Paul, développé par Karl Barth, est théologiquement fondamentale. Il n'y a pas lieu pour autant d'établir entre les religions et la foi une opposition absolue. Selon l'histoire de la Révélation et le processus de chacun il est normal de commencer par une phase de recherche de Dieu et par une période d'apprentissage où la Loi comme moyen de parvenir à Dieu pourra jouer un rôle pédagogique. Par ailleurs la recherche spirituelle, spécialement chez les mystiques appartenant aux grandes religions, peut déboucher sur une attitude qui s'en remet totalement à Dieu et reconnaît en lui un amour si intense et humble que cette caractéristique transforme toute relation avec la divinité. On peut dire alors que dans sa recherche une telle personne rejoint, consciemment ou non, la révélation apportée par Jésus Christ. Mais seuls les actes et les paroles du Fils de Dieu permettent d'aller plus loin qu'un pressentiment ou un espoir concernant Dieu ; ils attestent qu'il en est bien ainsi. On voit comment les grandes religions, y compris le judaïsme, peuvent constituer non pas un chemin salvifique, cette prétention serait une illusion, mais une ouverture vers une connaissance de Dieu, qui rejoint ce que Jésus nous a révélé de son Père.