Rm 8,15 : Abba.

Que le chrétien puisse, dans l'Esprit saint, appeler Dieu Abba (voir Ga 4,6), cela correspond bien à son état de Fils. Il fait sienne la prière de Jésus, spécialement celle qu'on trouve en Mc 14,36. Dans sa version du " Notre Père " Luc a peut-être insinué cette appellation (comparer Lc 11,2 avec Lc 22,42 = Mc 14,36). Matthieu a gardé pour le "Notre Père" une formule juive.

Quel sens convient-il de donner au Abba prononcé par Jésus ? On y voit souvent une expression d'intimité qui souligne la proximité entre Jésus et son Père. C'est très vraisemblablement dans cette direction qu'il faut chercher. Cependant il faut se garder de certaines exagérations apologétiques ; en effet, il est difficile d'affirmer qu'on ne rencontre jamais cette expression dans la littérature juive. Elle est rare, mais elle se trouve dans certains Targums et dans le Talmud de Babylone (peu importe la date de rédaction de ces écrits), soit en parlant de Dieu : Targum Ml 2,10 ; Talmud de Bab., Ta'amit 23b ; soit en invoquant Dieu : "Il m'appellera : tu es mon Père" 'abb'â 'ate (Targum Ps 89,27).

D'autre part on peut se demander pourquoi Marc et Paul ont traduit cette expression comme si elle avait une valeur emphatique : ho patèr. Malgré ces difficultés et ces points d'interrogation il est légitime de voir dans ce mot une donnée particulièrement précieuse concernant la filiation de Jésus et la nôtre.

 

 

Rm 8,32.

Ce texte est particulièrement intéressant pour nous aider à donner sa juste significations aux nombreuses présentations sacrificielles de la mort de Jésus qu'on rencontre dans les épîtres pauliniennes (voir par exemple Ep 5,2; He 10,10).

Rm 8,32 renvoie clairement au récit de Gn 22,16 décrivant le sacrifice d'Isaac. Il arrive souvent qu'en insistant sur ce rapprochement on en vienne à souligner l'aspect sacrificiel de la Croix. Cependant il convient d'examiner plus attentivement ce problème.