Trop souvent la tendance de l'exégèse biblique est de prendre le texte au pied de la lettre. C'était vrai il y a encore peu de temps pour des passages que tous aujourd'hui lisent comme des mythes, des légendes ou des contes. Grâce à la théorie des genres littéraires, on a réussi à s'adapter au niveau de lecture correspondant à chaque texte. Il s'agit là d'un progrès, du moins pour les grandes masses appartenant à un genre bien défini. Mais qu'en est-il pour un certain nombre d'expressions jetées au milieu d'un développement théologique ? Quand l'épître aux Éphésiens (6,10-17) utilise un langage guerrier pour décrire le combat de la foi, chaque lecteur comprend immédiatement qu'il s'agit d'une métaphore, par laquelle sont transférées sur la foi des expressions qui ne conviennent qu'à la guerre, et il ne viendrait à l'esprit de personne de transformer la vie chrétienne en un combat meurtrier, même si, de cette métaphore, il retient que le croyant doit se soucier d'avoir des instruments adéquats pour se défendre et aller de l'avant. Quand Paul en Rm 12,1-2 applique à la vie chrétienne le vocabulaire de la liturgie, s'agit-il d'introduire des rites dans la vie quotidienne ou bien de comprendre que la liturgie ancienne comme démarche consciente vers Dieu dans un lieu sacré selon un temps propice se trouve dépassée et remplacée par une vie animée par le Christ selon son Esprit. Ici comme en Éphésiens, nous nous trouvons en face de ce que les linguistes appellent une métaphore. Sans doute existe-t-il plusieurs espèces de métaphore, et surtout il existe plusieurs manières de rendre compte de ce phénomène littéraire, soit en essayant de le caractériser comme une figure de style, soit en le diluant dans l'ensemble des phénomènes linguistiques, spécialement dans la polysémie. Même s'il convient d'apporter des nuances provenant de l'importance du discours où elle s'insère et de l'usure constante de la langue plus ou moins inventive, il reste que la métaphore est essentiellement un transfert qui crée un écart et joue sur les relations. C'est pourquoi il serait malencontreux de prendre une métaphore au pied de la lettre et de la comprendre comme un énoncé conceptuel.