Il convient d'écarter une autre confusion : on a parfois tendance à désigner par "symbolique" toutes les manières de donner sens à la réalité. Cependant comme le remarque justement P. Ricœur, en critiquant Cassirer : "Si nous appelons symbolique la fonction signifiante dans son ensemble, nous n'avons plus de mot pour désigner ce groupe de signes dont la texture intentionnelle appelle une lecture d'un autre sens dans le sens premier, littéral, immédiat. Il m'a semblé que le problème de l'unité du langage ne pouvait être valablement posé avant d'avoir donné consistance à un groupe d'expressions qui ont en commun de désigner un sens indirect dans et par un sens direct et qui appellent de cette façon quelque chose comme un déchiffrage, bref, au sens précis du mot, une interprétation. Vouloir dire autre chose que ce que l'on dit, voilà la fonction symbolique" (De l'interprétation. Essai sur Freud, Paris, Seuil, 1965, p.21).
Quand l'épître aux Hébreux parle de tente et de sanctuaire célestes, on comprend bien qu'il s'agit de métaphores expressives et riches d'enseignements ; personne ne prend ces expressions pour des énoncés topographiques. Quand la même épître parle de Jésus s'offrant en sacrifice, convient-il de prendre ce mot pour un énoncé dogmatique ou pour une métaphore ? Même si l'on entend réserver la réponse, il paraît normal et indispensable de se poser la question.
Pour éclairer notre réflexions prenons une comparaison. Si quelqu'un affirme : la pensée est la plus grande des énergies sur terre, il n'entend pas pour autant faire entrer la pensée dans la catégorie des énergies : houille, pétrole, électricité ! Présenter la mort du Christ comme un sacrifice bien meilleur, est-ce la faire entrer dans la catégorie des sacrifices, ou bien opérer seulement un transfert de vocabulaire, signifiant par là que le but cherché par les sacrifices (pardon des péchés et union à Dieu) est atteint par la croix ?