5. En particulier il est éclairant de prendre en considération le texte de 1 Co 1, où la croix, loin d'être présentée comme un sacrifice, est explicitement décrit comme un scandale et une folie (1,23).
6. Si l'on regarde dans le N.T. le thème de la mort de Jésus, en lui donnant le relief qui lui revient, spécialement en tenant compte du développement théologique dont il est issu, on constate qu'au début la croix a d'abord été considérée comme quelque chose de négatif, un scandale, heureusement effacé par la résurrection : voir par exemple les discours primitifs reconstitués par Luc dans les Actes ; ensuite on essaie d'atténuer le scandale en insistant sur les prophéties de Jésus concernant sa mort, ainsi que les prophéties vétérotestamentaires concernant le messie souffrant et le juste martyr. Enfin on essaie de donner une valeur positive à la mort de Jésus ; plusieurs pistes de recherches sont suivies : kénose, sacrifice, révélation du mystère du Saint des Saints, récapitulation, unification dans le Corps du Sauveur. On constate que le thème du sacrifice est une approche parmi d'autres ; elle n'a été ni la première, ni la dernière.
7. Si, dans ces limites, on étudie le thème du sacrifice, il convient de tenir compte d'un élément qui éclaire bien la manière de faire de Paul. En Rm 8,32 Paul reprend la formulation de Gn 22,16 ; Jésus est ainsi comparé à Isaac sacrifié ; mais ici à qui correspond Abraham ? A Dieu le Père ! Ainsi donc si l'on veut utiliser la catégorie du sacrifice pour rendre compte de la mort de Jésus, il conviendrait d'abord et avant tout de présenter la croix comme un sacrifice que Dieu le Père offre aux hommes ! On voit tout de suite comment la catégorie sacrificielle est bouleversée et transfigurée.