8,31-39.

Célébrant l'amour de Dieu pour nous, le ton devient lyrique. Cette insistance sur l'amour de Dieu ainsi révélé ne peut d'aucune façon être comprise comme une découverte qui opposerait le Père de Jésus Christ à un Dieu de justice et de colère, tel qu'il apparaîtrait dans l'Ancien Testament. En réalité la miséricorde et l'amour de Dieu pour les siens apparaît à chaque page de la Bible. Alors pourquoi ici cet étonnement qui s'exprime de manière lyrique ?

La seule manière de répondre, c'est de constater que de l'amour miséricordieux on passe à un amour kénotique. Les merveilleuses images de l'Ancien Testament où Dieu est comparé à un fiancé, à un mari, à un père et même à une mère sont à dépasser. En effet, son amour n'est ni possessif, ni dominateur, mais humble et dépossédé. Entre ces deux formes d'amour, il y a non pas une simple nuance, mais une différence telle que beaucoup de Juifs fervents, contemporains de Jésus, n'ont pas réussi à entrer dans cette nouvelle présentation de Dieu.

 

Il n'est pas rare de rencontrer chez beaucoup d'exégètes une attitude qui minimise l'apport du Nouveau Testament sur Dieu. J. Schlosser écrivait en 1987 (Le Dieu de Jésus, p. 13) que par rapport à l'eschatologie de Jésus, au thème du Règne ou à son enseignement éthique, "le message sur Dieu délivré par Jésus, en actes et en paroles, sa 'théologie', a bien moins retenu l'attention des exégètes du Nouveau Testament". Comment expliquer ce phénomène ? On peut discerner plusieurs raisons, qui sont d'ailleurs autant de lignes de crête qui séparent divers versants exégétiques et théologiques.

1) Faut-il pour cette question s'en tenir aux doctrines clairement exprimés, aux titres explicitement proclamés, ou bien est-il permis et même recommandé, d'analyser les récits décrivant les faits et gestes du Fils de Dieu, spécialement sa passion, pour en appliquer le contenu à Celui dont il l'image parfaite ?